

Les timbres triangulaires du Cap de Bonne Espérance
Les timbres triangulaires du Cap de Bonne Espérance
Parmi les grandes icônes de la philatélie mondiale, les timbres triangulaires du Cap de Bonne-Espérance occupent une place de choix. Émis dès 1853, ces timbres marquent une rupture dans l’histoire postale, tant par leur forme inédite que par la qualité exceptionnelle de leur gravure.
Premiers timbres triangulaires jamais émis, ils auraient été conçus pour éviter toute confusion avec les timbres britanniques rectangulaires — ou, selon une autre hypothèse, en hommage aux anciens cachets fiscaux triangulaires utilisés en Afrique du Sud avant l’introduction des timbres-poste.
Quelle que soit leur origine, leur silhouette singulière et leur impression en taille-douce leur confèrent un statut mythique auprès des collectionneurs du monde entier.

1ère période d’impression : Perkins, Bacon & Co. (1853–1861)
La première période d’émission est confiée à la firme londonienne Perkins, Bacon & Co., réputée pour ses gravures d’une finesse remarquable.
En 1853, deux valeurs voient le jour : le 1 penny rouge-brun et le 4 pence bleu, tous deux imprimés en taille-douce sur un papier bleuté dont l’intensité varie selon les tirages.
Deux ans plus tard, en 1855, la série est complétée par deux nouvelles valeurs : le 6 pence lilas et le 1 shilling vert, cette fois imprimés sur papier blanc.
Ces timbres comptent aujourd’hui parmi les classiques les plus prestigieux de la philatélie britannique, tant leur gravure est précise et élégante.

2ème période d’impression : Saul Solomon & Co., Le Cap (1861) — Les célèbres "Woodblocks"
La deuxième période débute en 1861, après qu’une cargaison de timbres commandée en Angleterre ait été égarée dans les entrepôts du Queen’s Warehouse au Cap.
Cette perte entraîne une pénurie critique de timbres de 4 pence. Pour répondre à l’urgence, les autorités coloniales sollicitent l’imprimerie locale Saul Solomon & Co., qui réalise des tirages provisoires à l’aide de blocs de bois gravés localement — d’où leur surnom de "Woodblocks".
Deux valeurs sont produites dans ces conditions : un 1 penny et un 4 pence. Ces émissions se distinguent par une grande variété de teintes : quatre nuances différentes pour le 1 penny, et cinq pour le 4 pence.
Ce sont cependant deux erreurs d’impression qui font toute la légende des Woodblocks. Un cliché du 1 penny a été utilisé dans une planche destinée au 4 pence, donnant naissance au célèbre 1 penny bleu pâle. Inversement, un cliché du 4 pence s’est retrouvé dans une planche de 1 penny, créant le rarissime 4 pence vermillon.
Issues du chaos de l’urgence, ces erreurs sont aujourd’hui considérées comme deux des plus grandes raretés philatéliques de toutes les colonies britanniques.
Ci-dessous : La fameuse erreur : SG n°13c. 1 p. bleu clair. Ex - Collection de la Reine.

3ème période d’impression : De La Rue & Co. (1863–1864)
La dernière phase de production est assurée par l’imprimerie De La Rue & Co., qui reprend les émissions à partir de 1863.
Déjà active pour de nombreuses colonies de l’Empire, De La Rue apporte plus de régularité au processus. Les couleurs sont réajustées, les types de papiers évoluent, et des réimpressions sont réalisées avec un plus grand soin.
Cette période marque la transition vers un système postal plus structuré, plus moderne, mais sans rien enlever au raffinement qui caractérise l’ensemble des émissions triangulaires du Cap.
Un héritage philatélique unique
Les timbres triangulaires du Cap de Bonne-Espérance ne sont pas seulement les premiers de leur forme : ils incarnent une période fondatrice de l’histoire postale coloniale.
Recherchés pour leur esthétique raffinée, leur rareté et les histoires fascinantes qui les entourent, ils représentent un joyau incontournable dans toute collection de classiques philatéliques.
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