Quand le texte donne tout son sens à la lettre…

Nous nous intéressons aux timbres, à l’histoire postale à travers les cachets, parfois aux deux… et plus rarement encore au contenu des lettres elles-mêmes.

C’est justement ce troisième aspect que nous explorons aujourd’hui, à travers deux lettres datant de la guerre de 1870, analysées d’abord sous un angle philatélique, puis révélées dans toute leur richesse par leur contenu.

Expédiée depuis Drucourt (Eure) le 28 septembre 1870, cette lettre était destinée à Paris.

Or, la capitale était déjà assiégée depuis le 19 septembre.

Elle n’a donc jamais pu être distribuée et ne porte aucun cachet d’arrivée.

Un bel exemple de courrier bloqué en raison du conflit.

Ces lettres perdues ou détournées témoignent du chaos postal de cette époque troublée.

Envoyée via le ballon monté Le Washington, cette lettre est affranchie d’un 20 centimes Lauré et porte le cachet de Paris du 7 octobre 1870.

Elle arrive à Drucourt – Thiberville le 18 octobre, comme en témoigne le cachet au verso.

A priori, un simple ballon monté, sans rareté. Et pourtant…

C’est le texte de cette lettre qui attire notre attention :

« Paris, 7 octobre 1870.

Chères enfants, les jours se suivent et ne se ressemblent pas. La même bonne surprise qu’hier ne m’a pas été octroyée, hier matin une bonne petite lettre de Drucourt m’était arrivée, à la date du 28 septembre. »

Une révélation : la lettre envoyée de Drucourt est bien arrivée à Paris, malgré le siège !

Probablement transmise par un relais discret ou un messager non identifié.

« C’était la 1ère fois que nous avions de vos nouvelles […] en réponse à celle datée de Paris du 24 septembre […] une seule feuille que vous vous êtes partagée à vous trois »

Une correspondance croisée se dessine : une lettre partie de Paris le 24 septembre (peut-être via le ballon Ville de Florence ou Les États-Unis), à laquelle la lettre de Drucourt répond.

Et sur le document de Drucourt : une seule feuille, partagée entre trois enfants, comme décrit dans le texte.

Ni l’une ni l’autre de ces lettres ne présente une valeur philatélique exceptionnelle. Et pourtant c'est en lisant attentivement le contenu que l’on en découvre parfois la valeur historique profonde et émouvante.

Un nouvel objectif pour les passionnés : retrouver la lettre partie par le ballon Ville de Florence ou les États-Unis, adressée à Madame Paul Mesnil à Drucourt via Thiberville, pour compléter cette enquête postale fascinante !