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L'émission de Bordeaux : 1870 - 1871
De la production d’urgence au repère philatélique
Après la défaite de Napoléon III à Sedan en septembre 1870 et la proclamation de la IIIᵉ République le 4 septembre, la capitale française est rapidement assiégée par les troupes prussiennes. Ce siège de Paris marque notamment l’usage des célèbres ballons montés.
Le gouvernement républicain, contraint de fuir, s’installe d’abord à Tours, puis à Bordeaux.
Face à l’interruption des circuits d’approvisionnement, notamment pour les timbres-poste, il devient impératif de produire rapidement une nouvelle émission, sans les matrices ni les planches utilisées auparavant.
C’est dans ce contexte d’urgence que naît l’émission de Bordeaux, réalisée en lithographie, dans des conditions techniques limitées.
L’usure rapide des pierres lithographiques a conduit à la création de plusieurs reports, c’est-à-dire des copies partielles ou complètes du motif original sur une nouvelle pierre. Le report I, utilisé pour les premiers tirages, est en général le plus rare, car il a été remplacé rapidement en raison de la détérioration des supports d’impression.
Les timbres sont non dentelés, ce qui explique leurs marges souvent irrégulières ou entamées. Cette émission se distingue également par une grande variété de teintes, même pour une même valeur faciale, conséquence directe des procédés artisanaux employés.
En bon état, ces timbres sont peu fréquents, et leur présence sur lettre est encore plus recherchée par les collectionneurs.

Présentation de l’émission avec quelques lettres remarquables
Cette lettre porte un affranchissement composé des valeurs 1 centime, 4 centimes et 10 centimes, dans trois couleurs différentes.
On parle alors d’affranchissement tricolore. Ce type d’usage est souvent lié à l’absence de certaines valeurs faciales dans les bureaux de poste, obligeant les usagers à composer les tarifs avec plusieurs timbres.
On note ici la présence d’un 4c report I, rare en soi, et encore plus sur lettre dans une telle composition.
Cette lettre est oblitérée GC 2240 et du cachet à date de Marseille du 5 octobre 1871 en port local avec une arrivée le 6.

Le 5 centimes, le 30 centimes et le 40 centimes
Ici nous avons une lettre chargée à destination de Paris, avec un affranchissement composé notamment d’un 5c report II, du 30c brun et du 40c orange.
Les planches typographiques utilisées pour ces timbres comportaient 15 positions (3 rangées de 5), chacune gravée individuellement.
Les légères différences de dessin permettent d’identifier la position précise du timbre sur la planche (comme ici le 5c en position 6) et de détecter d’éventuelles falsifications lorsqu’aucune correspondance n’est possible.
Cette lettre est oblitérée GC 1706 et frappée du cachet à date de Granville du 3 septembre 1871.

Le 20 centimes
Le 20 centimes bleu est la valeur la plus utilisée de l’émission de Bordeaux, en raison de son adéquation avec le tarif courant de l’époque. Toutefois, en type I, ce timbre devient particulièrement rare. En effet, la première planche utilisée, mal gravée, s’est rapidement détériorée, nécessitant la création de nouvelles versions. Cette forte usure a entraîné l’existence de plusieurs types et reports pour cette seule valeur.
Si le 20c bleu est relativement courant sur lettre, les exemplaires de type I, sont rares et très recherchés.
Le timbre figurant sur la lettre présentée ici appartient précisément à cette variété rare (Type I, Report II), faisant de cette pièce une lettre d’exception.
Cette lettre est frappée du cachet à date de Crest du 20 décembre 1870 à destination de Lyon.

Le 80 centimes
Une autre pièce remarquable est cette lettre affranchie à destination de l’Île Maurice, une destination peu courante pour cette émission.
Elle comporte une paire de 80c rose, bien conservée, illustrant l’usage international de certains timbres de Bordeaux.
Cette lettre est oblitérée GC 532 et frappée du cachet à date de Bordeaux du 8 mai 1871 avec une arrivée le JU 10 71.