

Quand la mer transportait le courrier
Le courrier avant l’aviation : l’ère des paquebots
Au XIXᵉ siècle, bien avant l’avènement de l’avion et du télégraphe, les lettres voyageaient à travers les océans à bord de navires marchands réaménagés en relais postaux. C’est l’âge d’or de la poste maritime, apparue au XVIIIᵉ siècle, puis perfectionnée au fil des décennies grâce à la mise en place de véritables services postaux embarqués.
Ces bateaux transportaient non seulement passagers et marchandises, mais également des sacs entiers de lettres, confiées à des agents postaux présents à bord.
Ces derniers oblitéraient le courrier au moyen de cachets spécifiques, comme le célèbre cachet « ancre », utilisé entre 1857 et 1876. Ce petit symbole devenu mythique permet aujourd’hui d’authentifier une lettre traitée en pleine mer, vestige émouvant d’une époque où la mer était le trait d’union du monde.
Voici un aperçu des plus belles traversées :

BOSPHORE – À travers les Dardanelles
En 1860, le paquebot Bosphore assurait la liaison entre les côtes de l’Empire ottoman et l’Italie.
À son bord, une lettre exceptionnellement affranchie d’un 20 centimes bleu et de deux 40 centimes orange Empire non dentelé traverse les Dardanelles.
Elle est oblitérée du cachet Gros Chiffre 3708, spécifique aux Dardanelles, et parvient à destination : Milan.
Une mention manuscrite sur la lettre indique clairement le nom du navire – “BOSPHORE”.
Au verso, un cachet daté “Les Dardanelles – 25 octobre 1860” confirme son origine.
Cet envoi, référencé par Salles (Tome II, p. 45-46), constitue à ce jour le premier exemplaire connu.
Un témoignage rare et précieux de l’histoire postale maritime entre Orient et Occident.

GANGE – Aux portes de l’Orient
Le 27 novembre 1858, le paquebot Gange met le cap sur Constantinople, emportant avec lui une lettre affranchie d’un 20 centimes bleu et d’un 80 centimes rose Empire dentelé.
L’oblitération, une ancre noire nette, emblématique de cette époque, atteste du traitement postal à bord.
Après avoir traversé la Méditerranée, la lettre arrive à destination le 5 décembre 1858.
Parfaitement conservée, fraîche et complète, cette pièce est un magnifique témoin du dynamisme des routes maritimes au XIXᵉ siècle et du rôle des paquebots dans la transmission du courrier entre l’Europe et l’Orient.

NIL – Direction Paris depuis le Levant
Le 25 août 1858, une lettre affranchie de 10 centimes bistre et 40 centimes orange Empire non dentelé quitte la Méditerranée orientale à bord du paquebot NIL.
Elle est oblitérée d’un cachet en forme d’ancre, typique des courriers traités en mer, et expédiée vers Paris.
Ce type de pli est d’une extrême rareté, tant pour son affranchissement inhabituel que pour son état de conservation exceptionnel.
Une pièce remarquable, convoitée par les collectionneurs de poste coloniale et maritime.

SHELIFF – Le bleu de la Méditerranée
Le 5 mai 1863, une lettre affranchie d’une paire de 40 centimes Empire dentelé est traitée à bord du paquebot SHELlFF.
Elle est oblitérée à l’ancre bleue, un cachet rarissime, et porte également un cachet à date bleu, extrêmement peu courant dans l’histoire postale maritime.
Destinée à Gênes (Italie), cette lettre conserve au verso le cachet “Les Dardanelles – 6 mai 1863”, accompagné du cachet d’arrivée.
Seulement deux lettres connues présentent à la fois cet affranchissement, cette oblitération bleue, et le nom du paquebot SHELlFF. Une pièce exceptionnelle, convoitée par les philatélistes passionnés d’histoire maritime.
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