

Quand Majunga faisait ses timbres maison
Surcharges d’urgence à Majunga (1895) : des raretés exceptionnelles
S’il est une page singulière dans l’histoire postale des colonies françaises, c’est bien celle de Madagascar, et plus précisément de la ville portuaire de Majunga, devenue en 1895 l’épicentre d’une émission philatélique aussi improvisée qu’emblématique.
Contexte historique :
Avant même que Madagascar ne devienne officiellement colonie française en 1896, plusieurs bureaux de poste sont implantés le long de son littoral : Sainte-Marie dès le XVIIIᵉ siècle pour lutter contre la piraterie, puis Nossi-Bé, Mayotte, et enfin Majunga.
Cette dernière acquiert une importance stratégique à partir des années 1880, dans le cadre du conflit opposant la France au royaume Merina.
Le 14 janvier 1895, les troupes françaises débarquent à Majunga.
Puis, le 1ᵉʳ mars, l’avant-garde du corps expéditionnaire s’y installe pour préparer la marche vers Tananarive. La campagne militaire entraîne un véritable chaos logistique, et la demande postale explose, mettant le service à rude épreuve.

La pénurie de timbres et l’improvisation locale
Très vite, les stocks de timbres venus de France s’épuisent.
Pour ne pas interrompre l’acheminement du courrier, les autorités locales improvisent.
Certains timbres métropolitains sont surchargés à la main, une solution d’urgence adoptée dans la précipitation.
La première surcharge connue est manuscrite, en rouge, portant la mention “0,15” apposée sur des Sage 25c noir sur rose ou des 1 franc olive.
Mais cette méthode se révèle vite trop contraignante et difficile à reproduire uniformément.
Les timbres non encore utilisés sont alors effacés à l’éponge et reçoivent une surcharge typographiée grasse en noir.
Enfin, une dernière version est mise en place, toujours sur le 25c noir sur rose, mais cette fois typographiée verticalement ou horizontalement.
Ces timbres n’ont eu cours que durant quelques mois, dans cette parenthèse incertaine de 1895, juste avant l’imposition du protectorat français à Madagascar en octobre.

Dès lors, de nouveaux timbres “Madagascar Postes Françaises” sont émis, mettant fin à cette improvisation postale.

Des raretés philatéliques uniques
Aujourd’hui, les surcharges de Majunga représentent des pièces d’une extrême rareté, convoitées par les collectionneurs du monde entier.
Elles témoignent d’un épisode unique : celui d’un affranchissement improvisé au cœur d’une guerre coloniale, où nécessité et urgence ont donné naissance à quelques-unes des plus fascinantes curiosités philatéliques françaises.
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